Souvenez vous, cette loco avait fait l'objet d'une première intervention dans le cadre de sa digitalisation sonore. Malheureusement, l'embiellage a connu de gros problèmes liés à la mauvaise tenue des roues sur leur essieu respectif, le système adopté par le constructeur à l'époque basé sur un méplat en bout d'arbre n'étant pas très fiable. La loco est donc revenue en atelier avec un jeu de 5 essieux et des roues aux normes plus fines actuelles (production AMF 87)
Les essieux AMF87 en acier ont un diamètre de 3 mm compatible avec les paliers en laiton équipant cette loco. Ils on l'avantage d'être usinés avec un embout carré qui bloque la roue par vissage, ce qui est pratique pour le calage à 90° des deux roues une fois positionnées. Le plus gros problème porte sur la pose du pignon de transmission moteur qui n'est pas au même diamètre 3,2 mm et flotte sur l'axe. Je l'ai repercé au diamètre 4 mm et introduit un manchon découpé dans un tube en laiton aux cotes appropriées.
Ce pignon est équipé d'une vis permettant un blocage sur l'axe, mais par expérience, j'ai vu que cela ne tenait pas dans le temps. J'ai donc percé l'axe en acier (d'abord 1mm, puis 1,5 mm) avec des forets au carbure qui permettent d'introduire une vis plus longue formant clavette. L'opération est délicate et doit être pratiquée en douceur, le risque de casse des forets étant important.
Le pignon s'ajuste désormais correctement sur l'essieu, la vis de blocage traverse ce dernier, il faut juste recalibrer la longueur de la vis pour qu'elle ne dépasse pas du moyeu du pignon.
Un test moteur permet de vérifier que la transmission est correcte sans point dur.
Les roues à rayon AMF87 n'ont pas de contrepoids reproduits à l'opposé des manetons supportant les bielles, il faut donc les créer. La découpe se fait à l'emporte pièce 14 mm de diamètre sur une plaque de styrène de 5 dixième de mm d'épaisseur.
Mis en forme puis collés sur les roues à la cyanolit. J'ai ajouté une goutte de résine polymérisable UV sur la face interne des roues pour solidifier les contrepoids
Un gabarit découpé dans une plaque de polystyrène de 2 mm d'épaisseur permettra de peindre les flancs externes des roues tout en masquant les bandes de roulement.
Les 10 roues ont reçu un voile d'apprêt à l'aérographe, puis plusieurs passes de noir sale
Il ne reste plus qu'à les installer sur leur axe respectif.
Lors du remontage, j'ai réalisé que les manetons AMF 87 conçus avec un méplat trop épais débordaient sur le gabarit, et butaient sur les tiges de piston et du tiroir. J'ai dû abandonner cette solution d'autant que les têtes de bielles sont alésées d'origine à 1,6 mm et flottent sur l'axe du maneton 1mm
Il faut donc tout redémonter, ce qui nécessite de sectionner les embouts de tête de manetons pour pouvoir les dévisser.
je me suis rabattu sur des micro vis dont chaque tête a été réusinée pour conserver le diamètre d'origine des têtes de manetons soit 2 mm. Un taraudage a été réalisé 1,6 mm sur chaque roue.
Une fois les cache écrous d'essieux posés, il faut écarter les bielles de qq dixièmes de mm sur leur axe pour qu'elle n'accrochent pas. J'ai donc soudé sur la face interne de chaque bielle des micro rondelles laiton
Ouf! çà marche l'embiellage ne bloque plus, il ne reste plus qu'à faire qq raccords de peinture à l'aérographe. Les tests de roulement sont conformes, la loco est sauvée!!
En conclusion, la construction d'un kit laiton vapeur reste une opération délicate, elle doit être réalisée avec beaucoup de soins pour ne pas s'exposer ultérieurement à ce type de désagrément. L'embiellage est assurément la phase la plus risquée, les techniques de calage des essieux se sont bien améliorées depuis les premières fabrications d'artisans, néanmoins, elles nécessitent parfois des améliorations, de l'outillage adapté, de la patience et qq prises de tête!!