L'exploitation d'un réseau en mode digital permet de s'affranchir partiellement d'un câblage souvent laborieux dès lors qu'on souhaite intégrer une gestion automatisée des cantons. C'est le constat de tous ceux qui ont abandonné le mode analogique et pourtant, il reste encore beaucoup de modélises qui hésitent à franchir le pas, faute de connaissance, mais aussi de moyens financiers suffisants pour adopter cette solution.
En effet, au delà de l'acquisition d'une centrale digitale et de l'équipement en décodeurs de tout le parc de locos, il faut prévoir l'achat de modules spécifiques servant d'interfaces pour communiquer entre les trains et la centrale, afin de déclencher les actions souhaitées, ou mieux se doter d'un logiciel performant si l'on souhaite une gestion totalement informatisée.
Bref, la facture s'alourdit très vite
Sur un réseau alimenté en mode digital DCC, il existe une méthode économique et facile à mettre en oeuvre pour générer automatiquement une circulation sécurisée sur les cantons, avec maintien des inerties programmées dans chaque loco.
Le principe consiste à injecter sur la zone d'arrêt de chaque canton une source de courant continu (DC) sur les deux files de rails. Lorsque la loco franchit cette zone, son décodeur reçoit un ordre d'arrêt et engage une décélération suivant la programmation qui a été enregistrée, puis s'arrête aussi longtemps que le courant continu (DC) est maintenu. Dès que le courant DCC est rétabli sur cette zone d'arrêt, la loco redémarre avec l'inertie d'accélération programmée dans son décodeur.
Pour obtenir cette action, il faut respecter les critères suivants:
1/ le décodeur doit être programmé pour ne fonctionner qu'en mode digital (analogique exclu) rappelons que la plupart des décodeurs sont programmés d'usine pour fonctionner sous les deux modes.
exemple Lenz CV 29 valeur 10 à entrer (contre 14 valeur usine)
2/ il doit également être paramétré pour déclencher un freinage et arrêt si détection d'une alimentation en courant continu (DC)
exemple Lenz CV 51 valeur 32 (contre 0 valeur d'usine)
3/ la section d'arrêt de chaque canton doit être isolée sur les deux files de rail, les coupures dans le même alignement
4/ enfin le transfert d'alimentation DCC vers DC sur la zone d'arrêt (canton 1) doit être déclenché automatiquement par la loco qui franchit le canton suivant (canton 2), de plus, le franchissement de la zone d'arrêt ne doit pas provoquer de conflit au niveau des alimentations sous peine de détruire à plus ou moins long terme la centrale digitale, voire les décodeurs.
Deux options possibles:
- par détection de consommation de courant de la loco occupant le canton (un petit module de détection DCC est nécessaire (coût de l'ordre de 10 à 12 euros) c'est la formule la plus fiable, puisque même un wagon équipé de feux de fin de convoi sera détecté sur tout le canton.
- par détection d'une loco équipée d'un aimant au passage des ILS, moins fiable mais plus économique.
Dans les deux cas, la détection génère l'excitation de relais monostables ou bistables selon l'option retenue, dont les contacts R/T (repos/travail) vont permettre de basculer le courant DCC en DC sur la zone d'arrêt.
Le schéma de base ci-dessus montre comment s'organise la bascule du courant analogique sur la zone d'arrêt, via les contacts R/T de relais bistables actionnés par des ILS. Nous voyons notamment que le transfert de sources d'alimentation se fait dès que la loco franchit le canton suivant, ce qui impose de maintenir une distance minimale entre la fin de la zone d'arrêt ZA1 et l'ILS déclenchant l'action via le relais. Cette distance correspond à la longueur de la loco la plus longue, si UM (unités multiples) prendre en compte la longueur totale des locos.
A partir de ce schéma, nous pouvons donc sécuriser la marche des trains sur un réseau digitalisé, tout en offrant les avantages d'une formule facile à mettre en oeuvre par rapport au système classique analogique:
- paramétrage d'inertie indivisualisée selon le type de locos
- éclairage constant de toute la rame, même lorsqu'elle franchit la zone d'arrêt ou qu'elle est arrêtée.
- possibilité d'adjoindre une signalisation de BAL 3 feux conforme s'appuyant sur la détection de chaque canton.
Toutefois, à l'usage, j'ai constaté que le franchissement de la zone de transit (DCC) sur la zone d'arrêt (DC) provoquait un mini conflit détecté par mes témoins de court-circuit sur le TCO, sans pour autant être repéré par la centrale digitale. A partir de ce constat, il fallait le neutraliser, ce qui m'a conduit à rechercher, avec l'aide d'un internaute astucieux (que je remercie au passage) une solution pour ce franchissement scabreux!!!
Le schéma de base a donc été revu en intégrant un deuxième relais par canton qui permet la bascule du courant DCC en DC sur la zone d'arrêt lorsque la loco est déjà dessus, ce qui évite le mini court-circuit provoqué au passage des roues de la loco sur la coupure.
Fonctionnement:
la loco A entre sur la zone de transit du canton 2 alimenté en DCC, passe sur l'ILS Y2, excite le relais Y1 qui va préparer le transfert via ses contacts R/T, de la source d'alimentation DCC en DC sur la zone d'arrêt ZA1
la loco B qui suit entre sur la zone d'arrêt ZA1 alimentée encore en DCC (relais X1 au repos), passe sur l'ILS X1, excite le relais X1 et bascule le courant DCC en DC via ses contacts R/T. En coordonnant l'action de deux relais bistables, nous voyons que le franchissement de la zone de transit sur la zone d'arrêt ne fait plus de conflit entre les deux sources DCC et DC, puisque ce n'est que lorsque la loco est déjà sur la ZA qu'elle transfère le courant, en provoquant l'ordre d'arrêt avec inertie. Il faut impérativement que les ILS soient situés à une distance des coupures de rails équivalentes à la longueur d'une loco. La zone d'arrêt peut être de 50 à 100 cm, voire plus, sans importance dans la mesure où l'inertie d'arrêt des locos peut être programmé sur chaque loco.
Lorsque le train A aura libéré le canton 2 (passage sur ILS X2) , il va réenclencher le relais X1 du canton 1 en position repos, réinjectant du même coup le courant DCC sur la zone d'arrêt. La loco B redémarrage avec l'inertie programmée dans son décodeur, et ainsi de suite......nous avons donc créé un système de cantonnement BAL à partir d'une alimentation digitale classique.
En creusant un peu, il est même possible de gérer un réseau en bloc automatique avec l'une ou l'autre des alimentations analogiques ou digitales, ce qui peut être intéressant pour tous ceux qui souhaitent maintenir le système analogique déjà présent sur leur réseau et ainsi pouvoir faire circuler des locos non équipées de décodeur.
Le schéma ci-dessous, appliqué à mon propre réseau, en fait la démonstration.
Nous voyons que le transfert de sources d'alimentation réalisé à partir d'un interrupteur à glissière ou classique comportant au moins 3 contacts R/T permet d'injecter sur chaque canton le courant souhaité DCC ou DC, la carte d'alimentation analogique DC doit comporter pour chaque canton 3 pôles, le négatif, le positif, et le positif pour la ZA, ce qui est un minimum pour tous les systèmes de gestion de bloc automatique. Sur Biscatrain, il s'agit de circuits électroniques de fabrication perso assurant la détection par consommation de courant sur la voie, et qui gèrent également le ralentissement.
Sur ce schéma, je n'ai pas représenté le second relais décrit plus haut, mais le principe de connexion est le même sur chaque zone de canton.
Résultat final:
j'obtiens bien une gestion de bloc automatique dans les deux modes, ils se superposent sans créer de conflit, l'un assurant une détection par consommation de courant sur la voie, l'autre par déclenchement d'ILS avec les locos équipées d'aimant. De plus, la gestion des signaux 3 feux est fonctionnelle dans les deux modes, (voir mes articles précédents sur la refonte de la signalisation). Bien entendu, il convient de faire le choix en fonction du mode d'exploitation souhaité, et ne pas mélanger les sources d'alimentation sur chaque canton, c'est ou tout digital ou tout analogique!!!
Pour être totalement honnête, je dois signaler une lacune dans le système présenté:
- la sonorisation des locos équipées n'est pas maintenue lors du franchissement des zones d'arrêt lorsqu'elles ci sont alimentées en DC, mais le son est à nouveau enclenché au redémarrage lors de la bascule du courant DC en DCC, par contre l'éclairage des locos fonctionne
- le ralentissement sur un canton présentant le feu jaune ne peut être géré en digital car le décodeur ne connait que deux états dans ce mode, je roule ou je m'arrête!!!! mais toujours selon la vitesse affichée au départ par la commande digitale.
Pour les inconditionnels du mode analogique (dont je fais partie) je précise que l'on peut concilier les deux types de gestion, c'est d'ailleurs ce qui m'a conduit à rechercher une solution de ce type, sachant qu'elle offre l'avantage de pouvoir faire circuler tout le matériel ancien (difficilement digitalisable) et moderne (déjà équipé) sur un réseau sans avoir à refaire tout le câblage.
Quant au coût, je dois dire qu'il est insignifiant, 6 euros pour les deux relais DIL et 2 euros pour les deux ILS, soit environ 8 euros par canton!!!!
J'espère que cet article ne sera pas trop indigeste, et je reste preneur de toute formule permettant d'obtenir un résultat analogue.
A +