L'encrassement des voies est un phénomène que l'on rencontre sur tous les réseaux. Par le passé, j'avais trouvé une solution efficace basée sur le nettoyage de chaque file de rail par un wagon actionnant des patins rotatifs équipés de gomme abrasive tournant à grande vitesse. Sa fabrication très artisanale datant d'une trentaine d'années (avec les moyens du bord) m'a incité à revoir ma copie.......malgré les bons et loyaux services procurés.
En me basant sur le même processus, j'ai bricolé un nouveau wagon, objet de cet article. Sa construction est à la portée d'un bon bricoleur, et les fournitures assez faciles à trouver, puisque la motorisation fait appel au bon vieux moteur saucisson 12 V Jouef avec son fameux bogie et sa cascade de pignons tout en laiton. Quant au wagon, j'ai opté pour le ROCO CLEAN, puisque c'est sa fonction première. De plus, il se prête assez bien à la transformation sans trop le charcuter.........
la photo ci-dessus montre le wagon en phase finale de construction. On apercoit son patin d'origine légèrement décalé vers l'avant, et l'un des deux patins rotatifs à l'arrière.
les fournitures pour la motorisation. On reconnait le fameux moteur saucisson Jouef, et la pignonnerie démontée sur deux bogies d'une vieille loco BB9200 datant des années 1960. La plaque de laiton (2mm d'épaisseur) a été découpée à la scie à métaux dans une chute de récup.
Le premier travail consiste à confectionner les deux patins, à partir des roues démontées sur lesquelles vous repousserez l'axe (sans le tordre) à l'aide d'un Puller ou délicatement avec un marteau. La photo montre un patin terminé avec la gomme abrasive et l'autre en attente d'usinage
un petit morceau d'environ 4 mm d'épaisseur à été découpé au cutter dans une vieille gomme abrasive Roco
le patin rotatif est mis au gabarit adéquat à l'aide d'un mini tour à métaux (diamètre 13,5 mm) Un morceau de gomme abrasive est ensuite collé à la cyanolit et usiné également au tour. (épaisseur de l'ordre de 3 mm) C'est l'opération la plus délicate car le patin doit tourner parfaitement rond pour un bon fonctionnement. L'outil de tour souffre terriblement durant l'usinage de la gomme abrasive (il a dû être réaffuté plusieurs fois......mais c'est un moyen d'avoir une surface bien plane) Mes précédentes expériences avaient été dans le passé réalisées dans le mandrin d'une perceuse et avec une lime, mais le résultat était plus approximatif.
la base de travail, un wagon Roco Clean que beaucoup d'entre nous connaissent bien. Il sera débarrassé de son lest supérieur, et le support de patin métallique sera conservé. Sa longueur permet d'accueillir sans problème la motorisation et il se prête assez bien aux opérations de charcutage qui suivent
plan vu de dessus à l'échelle 1/1 toutes les cotes sont en mm.
Une plaque en laiton de 2mm d'épaisseur (90 x 30 mm) servira de support au moteur Jouef et à la transmission par engrenages. Les paliers de ces derniers sont les petites pièces en laiton prélevées sur les anciens bogies Jouef et qui servaient à fixer les lamelles de contact aux roues. Ils seront percés (diamètre 1,8 mm) avant soudure à l'étain sur le support en laiton. La photo ci-dessus montre un palier soudé au centre, à 23 mm de l'extrémité droite de la plaque de laiton. Deux autres trous (diamètre 1,8 mm) situés à 16 mm de l'extrémité droite de la plaque et dont l'entraxe est de 18 mm accueilleront l'axe des patins rotatifs. J'ai choisi ces cotes qui correspondent à l'entraxe des engrenages, et à un positionnement correct sur la voie, laissant notamment un espace de 4,5 mm
entre chaque patin qui permet de ne pas accrocher des ILS ou crocodile qui peuvent dépasser au milieu de la voie.
Enfin, deux petites pièces de circuit imprimé sont collées (côté epoxy) à la cyanolit de part et d'autre de la plaque de laiton qui serviront à l'alimentation électrique des deux plots situés sous le moteur Jouef. Ils se situent à environ 10 mm de l'extrémité gauche de la plaque. (faire un test de positionnement du moteur avant de les coller) Idem pour les 4 trous taraudés au pas de 2 mm (fixation des deux colliers qui maintiennent le moteur)
test de positionnement du moteur dont le pignon attaque la roue dentée couronnée visible avec son axe sur la photo précédente. Les deux colliers sont des pièces Jouef dont les axes supérieurs ont été tronconnés.
Pour le positionnement parfaitement vertical des axes de patins et engrenages, il est conseillé de percer d'abord un support en bois épais avec une perceuse d'établi (diamètre 1,8 mm) Ensuite, enfiler la mèche à l'envers comme sur la photo, ce qui assurera le maintient correct des paliers à souder sur la plaque de laiton.
Une autre pièce en laiton est à usiner (23,5 x 11 mm) qui vient se placer sous le wagon. Les trois trous devront être percés (1,8 mm) en même temps que la plaque de laiton supérieure, afin que les trous coincident parfaitement. j'applique une goutte de cyanolit pour fixer provisoirement les deux plaques l'une sur l'autre avant le percage. Un petit coup de tournevis permet de de les désolidariser après cette opération.
Deux rondelles de 1,5 mm d'épaisseur ont été soudées sur cette petite plaque en adoptant le même processus pour le bon positionnement. Leur diamètre sera fonction du ressort (compression) dont vous disposerez, qui doit pouvoir s'encastrer dans cette rondelle. l'opération de charcutage du chassis du wagon est ici bien visible, les renforts de plancher doivent être arasés (cutter) ou fraisage, la plaque de laiton devant bien reposer à plat sous le plancher. Une partie des traverses latérales doit être également coupée pour laisser la place aux patins rotatifs.
la plaque supérieure de laiton peut maintenant être collée sur le plancher (cyanolit) son positionnement est facilité par deux encoches circulaires à chaque extrémité qui viennent s'encastrer dans l'axe de pivotement des essieux du wagon
La plaque inférieure en laiton sera également collée après avoir vérifié que les patins rotatifs tournent sans problème. A ce stade, j'ai réalisé que le patin d'origine Roco pouvait être maintenu en décalant son support métallique de qq mm vers la droite (sur la photo). N'ayant pas encore testé l'efficacité des patins rotatifs, j'ai décidé de conserver l'original Roco, sachant qu'il serait très facile de l'enlever ultérieurement. De plus, la plaque métallique collée à la cyanolit sert de lest supplémentaire à l'ensemble
Les roues dentées peuvent être posées. Celles actionnant les deux patins devront être repercées au diamètre 1,8 mm. Avant de les coller sur leurs axes respectifs, faire tourner le moteur pour voir s'il n'y a pas de point dur. Lorsque tout est OK, il faut régler le débattement du patin qui doit pouvoir coulisser verticalement sous l'action du ressort de compression de 1 à 1,5 mm en dessous du niveau supérieur du rail. L'épaisseur des pignons dentés Jouef permet ce jeu vertical sans rupture d'entrainement. Attention, cette opération est délicate et le jeu vertical doit être précis. Autre détail, le ressort de compression doit être très doux. Celui équipant le patin d'origine Roco peut à la limite faire l'affaire. Dans le passé, j'avais utilisé ceux équipant le wagon nettoyeur Jouef (assez facile à trouver sur Ebay)
La caisse du wagon est posée, l'ensemble motorisation tient sans problème, mais il faut araser les 4 renforts verticaux qui rigidifient la caisse, ainsi que la traverse centrale supérieure au dessus du moteur. Si toutes les cotes on été repectées, les deux pignons des patins effleurent l'intérieur de la caisse. S'il y a un léger frottement, faire une petite incision avec une fraise pour réduire la paroi interne de la caisse à cet emplacement (sans la traverser, bien sûr!!!!)
le raccordement électrique ne pose aucun problème. j'ai opté pour un fonctionnement du wagon sous alimentation analogique ou digitale, ce qui impose la présence d'un petit pont redresseur (bornes + et - vers le moteur) la sortie alternative étant reliée à une mini prise tulipe femelle fixée/collée en haut de la caisse.
La traction est assurée par une loco puissante (A1A Roco) sur laquelle j'ai raccordé une alimentation par prise tulipe mâle. Les essais (avec et sans décodeur) sont concluants. Le comportement du wagon est parfait, même au passage des aiguillages. Après un passage à vitesse réduite sur tout le circuit, la voie est lisse et brillante, débarrassée des dépôts qui se forment généralement avec le temps.
Gros plan sur le patin rotatif et son positionnement sur la voie. La quasi totalité de sa surface est en contact et assure un polissage parfait de la voie, L'utilisation d'un ressort de compression très souple (récupération) est un gage de bon fonctionnement. Dans ces conditions, le patin central Roco (encore présent sur cette photo) ne se justifie pas et je vais le supprimer, d'autant que son passage sur les "ILS" et les "crocodiles" a tendance à faire sursauter le wagon. De plus, il a tendance à s'encrasser avec le temps.
EN CONCLUSION
J'ai pris le soin de décrire du mieux que je le pouvais la construction de ce wagon, c'est un peu long, mais je sais que de nombreux modélistes sont à la recherche de solutions efficaces pour le nettoyage des voies de leur réseau. C'en est une, et il y en a sans doute d'autres......
J'espère que cet article permettra à quelques bricoleurs de se lancer dans l'aventure et je reste à leur disposition pour toute question technique. Par ailleurs, si l'un de vous a dans ses tiroirs une création originale visant le même but, je serais très intéressé de la découvrir.