Aujourd'hui, on ne parle pas de trains, mais d'une rencontre avec un illustre ancêtre que nous avons découvert lors d'un voyage organisé en Grèce en juillet auquel participait un groupe d'une cinquantaine de français, descendants de Konstantin KANARIS (photo de droite).
Lorsque j'épousais ma femme en 1967, photo de gauche de la mariée en médaillon, j'ignorais (et elle aussi à cette époque) qu'elle était descendante (cinquième génération) d'un personnage grec qui s'est illustré au 19 ème siècle en combattant les turcs durant la guerre d'indépendance.
Ce qui nous a conduit accompagné de mon épouse, notre fils Michaël et de son cousin Xavier à rencontrer une lignée de descendants de tous âges dont quelques membres très impliqués avaient organisé un pèlerinage sur les lieux où avait vécu notre ancêtre.
Très intéressée par la généalogie, mon épouse avait reconstitué il y a quelques années l'arbre généalogique de ses ascendants, ce qui la conduisait au fameux KANARIS. La photo ci dessus ne représente que la branche dont elle est issue, l'objectif étant de laisser à notre fils Michaël un document retraçant ses origines.
Notre périple nous a donc conduit à Athènes, puis sur l'île de CHIOS par avion, pour ensuite atteindre la petite île de PSARA par ferry boat.
Un peu d'histoire :
Konstantin KANARIS est né en 1793 sur l'île grecque de PSARA, proche de la Turquie. Dès son plus jeune âge, il est initié à la navigation sur le bateau de son oncle où il est amené à commercer avec Marseille, mais aussi d'autres ports comme Odessa.
D'origine modeste, il épouse en 1817 Despina, issue d'une riche famille composée de marins et d'armateurs, avec qui il aura 7 enfants, dont Lycurgue le quatrième de la lignée (notre ancêtre) devenu avocat qui sera introduit à la cour du roi Louis Philippe à Paris, ainsi que l'un de ses frères Miltiade qui lui sera amiral, député au Parlement grec et ministre.
C'est donc la branche Lycurgue à laquelle est rattachée la descendance de ma femme via une de ses filles Athina, son arrière grand mère.
Mais revenons sur Konstantin KANARIS et sa demeure où il a vécu sur l'île de PSARA dont il ne reste plus rien, hormis une statue érigée à sa gloire dans le jardin, la population de cette île ayant été exterminée par les turcs lors d'une expédition armée de 180 vaisseaux en juillet 1824.
En fait, l'empire ottoman à cette époque menaçait les îles proches de la Turquie où avait été perpétré deux ans avant un massacre de la population grecque de l'île de CHIOS en avril 1822.
C'est à l'occasion d'une expédition punitive organisée par KANARIS (le brûlotier) accompagné d'une quarantaine de compagnons d'armes qu'il réussit un véritable exploit en incendiant et anéantissant toute la flotte turque basée à CHIOS dans la nuit du 6 juin 1822, tuant du même coup plus de 2000 turcs et le grand amiral de la flotte ottomane, le Kapitan Nasuhzade Ali Pacha.
Il sera célébré comme un héros national à son retour sur PSARA où il retrouvera sa famille et le petit dernier, né durant son absence (Miltiade).
Heureusement, sa famille réussit à quitter PSARA lors du massacre de la population de cette île en 1824, grâce notamment au courage de son épouse Despina qui n'a pas hésité à se jeter dans la mer portant sur ses épaules ses trois premiers enfants. Excellente nageuse, elle parvient à rejoindre l'embarcation de sa belle mère qui fuyait l'attaquant, à qui elle devra sa survie, mais aussi celle de Lycurgue dont elle était enceinte. Sans cet acte héroïque, la descendance de KANARIS s'éteignait et nous n'aurions jamais eu connaissance de ses exploits.
D'autres psariotes n'ont pas eu le même destin, s'étant réfugiés dans l'arsenal situé en haut d'un pic rocheux. Ils le feront sauter plutôt que de se rendre à l'ennemi. Ce fut pour notre groupe l'occasion de faire l'ascension du sommet où notre guide nous révéla la résistance héroïque des psariotes qui furent massacrés.
Comme cela se passait le 14 juillet, notre groupe entonna une marseillaise pour remercier notre guide de l'intérêt porté par les participants sur son narratif.
Photos de la petite île de PSARA où vivaient plusieurs milliers de psariotes au 19 ème siècle, et dont il ne reste plus que quelques centaines de ressortissants. Un lieu superbe et paisible, peu fréquenté des touristes aujourd'hui, l'hébergement étant essentiellement assuré chez l'habitant faute d'infrastructure hôtelière. Toutefois, plusieurs points de restauration offrant une cuisine typique sont présents sur l'île où l'accueil est chaleureux.
Pour notre part, nous étions logés dans une aile de ce petit pavillon coquet et bien équipé avec climatisation, mon fils Michaël et son cousin Xavier chez un autre psariote avec le même confort. Le tout à quelques mètres de la plage!
Après ses exploits, KANARIS et sa famille connaissent une longue période d'exil (1828 - 1852) durant laquelle il entama une carrière politique qui le conduisit à Athènes où il sera nommé plusieurs fois premier ministre et amiral sous le règne d'Othon 1er et son successeur le roi Georges Premier. Il mourra en 1877 dans sa propriété à Athènes. La photo ci dessus le présente dans un médaillon à un âge avancé, avec ses nombreuses décorations acquises durant la guerre d'indépendance de la Grèce.
Je tenais à remercier Hortense NOIRET (et sa famille) pour son implication dans l'organisation de ce voyage et la prise en charge des participants, assurée avec professionnalisme dans une bonne humeur tout au long du périple.