J'avais mis provisoirement de côté cette loco issue d'un kit laiton conçu par Loco Set Loisir dans les années 1990 et confiée par l'ami Thierry. Confinement oblige, j'ai du temps devant moi avant de remettre le nez dehors. Alors je me lance dans sa construction.
Il s'agit d'une série de 4 locomotives électriques de type 2CC2 fabriquées en 1929-30 pour le réseau PLM numérotées 262 AE1 à 4, puis affectées à la SNCF (série 3401 à 3404) où elles ont circulé jusqu'en I970, année de leur radiation. Véritable monstre, c'était la plus longue machine conçue en France et l'une des plus puissantes à l'époque. Une version a été sauvegardée et est conservée au dépôt de Chambéry (photo ci dessus)
La caisse est une lourde pièce monobloc moulée en bronze, ce qui d'emblée élimine un long travail d'assemblage.
Le premier travail consiste à faire sauter les ergots issus du moulage à l'aide d'un disque à tronçonner
Puis surfacer la base pour dégager les aspérités. Un contrôle de la caisse posée sur marbre permet de vérifier qu'elle n'est pas déformée, ce que certains modélistes ont hélas pu déplorer
La conception du châssis est assez complexe, avec une motorisation d'excellente qualité basée sur deux moteurs de type maxon entraînant deux essieux sur trois de chaque bogie, conférant une inertie exceptionnelle due aux lourdes vis sans fin formant volant d'inertie.
La notice fournie sur ce modèle est à mon avis peu explicite et chaque pièce à assembler nécessite de se creuser les méninges, car elles ne correspondent pas toujours aux croquis présentés??
je démarre par les deux bogies moteurs de type CC, avec les 12 roues dont il faut introduire et bloquer les demi-essieux. L'ajustage est très précis et l'opération est exécutée délicatement avec un marteau, chaque roue positionnée bien à plat sur les mors d'un étau.
C'est fait, je peux vérifier en bloquant l'arbre sur une perceuse que le montage est solide et que les roues tournent sans le moindre voile.
confection du berceau moteur, qui sera soudé sur les arêtes. La photo découpe des pièces est précise, avec des rainures facilitant l'assemblage par pliage
Les longerons supportant les essieux sont des pièces époxy cuivrée sur une seule face permettant de les souder sur le bâti moteur, en vérifiant avec un foret de 3 mm qu'elles sont bien face à face. Des paliers en laiton sont soudés sur la face interne cuivrée. Important, il faut isoler l'un des longerons du bâti moteur qui fait masse, opération réalisée avec un petit trait de scie réalisé de part et d'autre de la soudure. A noter que le système adopté par le fabricant est ingénieux, car l'alimentation de chaque train de roue est assurée par les demi essieux isolés par une bague ou par le pignon de transmission non conducteur (donc pas de lamelles de contact à prévoir)
Un deuxième longeron en laiton est ensuite collé à la cyanolit de part et d'autre des pièces époxy pour rigidifier le support des essieux
Avant d'assembler les essieux, j'ai ajouté une rondelle collée sur la face interne de chaque roue, qui limitera le débattement latéral. Les demi essieux sont ensuite enfilés à force dans un manchon isolant et le fabricant recommande d'utiliser une perceuse à colonne pour effectuer cette pression verticale sans endommager les roues. L'usinage précis des demi essieux, et du manchon permet d'obtenir l'écartement HO sans réglage particulier, le processus est identique avec les deux autres essieux moteurs, le manchon étant cette fois ci remplacé par des pignons.
Préalablement, j'ai ajouté avec un cure dents une goutte de graisse cuivrée sur chaque demi essieux, qui améliorera leur rotation et la conductibilité électrique
Il est recommandé de bien positionner le moteur sur son berceau afin que la transmission ne bloque pas, ce qui nécessite une cale de 6 dixième de mm constituée de 3 profilés plats de PVC alignés qui ont été collés sous le moteur.
Une cale en plomb fournie dans le kit bloque le moteur sur son berceau et est maintenue par 4 vis/écrous. Le premier bogie est OK et l'assise sur les rails validée.
Une intervention est nécessaire sur l'un des longerons isolé du châssis moteur, qui consiste à relier électriquement les 3 paliers chargés de capter le courant sur la file de roue isolée.
A ce stade, je peux préparer les longerons externes qui seront soudés sur le châssis moteur. Ils sont constitués de plusieurs pièces qui se superposent pour donner plus de rigidité.
Le fabricant précise qu'il faut repousser certaines lignes de rivets sur les longerons, opération que j'ai pu réaliser facilement en appuyant avec une pointe à tracer sur les trous alignés à l'envers de la pièce
La soudure des éléments se fait par capillarité du flux liquide déposé sur tous les points à couvrir. Pour assurer un recouvrement parfait, je maintiens les deux pièces à souder avec deux petites tiges de laiton fichées dans une plaque de MDF. On obtient la structure d'un bogie qu'il ne reste plus qu'à plier avec ajout de traverses de consolidation
Le bogie commence à prendre forme, il doit pouvoir être articulé sur une poutre centrale pour accepter les courbes et en même temps suspendu par un système de balancier
La mise au point doit être précise car chaque bogie articulé déborde sur la caisse avant et arrière de la loco sans la toucher. J'ai soudé deux rondelles à collerette sur le point d'articulation des bogies que j'ai ensuite taraudées (2 mm) ce qui facilitera la fixation. La traverse de choc est ensuite mise en forme puis soudée
Une poutre centrale est confectionnée en superposant deux éléments en forme de U plat et soudés l'un sur l'autre pour donner plus de rigidité.
Sur cette photo, nous voyons les trois éléments qui contribuent à la rotation des bogies et au mouvement de balancier nécessaire pour une bonne assise sur les rails, vu la longueur de l'engin.
Chaque bogie doit ensuite être équipé des nombreuses pièces à souder sur les faces externes des longerons (boîtes à essieux, ressorts, boîtes de sablage, réservoirs, etc) travail méticuleux qui risque fort de m'occuper encore quelques semaines.
D'ici là, peut être serons nous à nouveau libres de nos mouvements (ou tous morts ??!!) bien que j'ai une préférence pour la première option....
à suivre