La construction d'un réseau reste pour de nombreux modélistes une démarche difficile car avant même d'aborder le tracé, il est nécessaire de déterminer la nature du local qui devra l'accueillir, et la surface disponible dont on dispose pour l'installer. La réflexion doit ensuite se porter sur le type, le thème, l'époque choisie et les installations que l'on souhaite reproduire à l'échelle retenue, ainsi que le mode d'exploitation. En somme, comme tout projet, on doit élaborer un cahier des charges.
Au niveau du local, cela pourra être une pièce dédiée, un garage, un sous sol, un grenier ou des combles aménagés. Dans tous les cas devra se poser le problème de l'isolation car nos réseaux n'aiment pas l'humidité, ni la poussière, pas plus que les écarts de température notables. Pour les projets modestes, un coin de bureau ou de chambre permet de loger une maquette de type étagère qui peut être assortie de vitrine pour protéger le matériel roulant.
Enfin, une autre option consiste à concevoir des modules démontables et transportables, notamment lorsqu'on participe à une oeuvre commune en Club de modélistes, et que l'on ne dispose pas d'un local dédié. Par ailleurs, cette formule facilite les déménagements qui ne sont pas rares lorsqu'on est encore en activité, et les retraités n'en sont pas exempts!!!
Cela dit, je me suis intéressé récemment à un projet de planification à l'échelle HO qui m'a été confié par un ami modéliste internaute. N'étant pas sur place, mon intervention s'est limitée au tracé sur la base des données retenues par son auteur.
Le tracé a été exécuté sur des grandes feuilles de dessin à l'échelle 1/10 ème. La partie nord du réseau a été inversée pour tenir compte de la zone Ouest sous comble, avec un transfert de la zone montagneuse à l'Est. Les photos ci dessus présentent les plans que j'ai proposés à Jacky, la version définitive a été validée et complétée des différentes zones de cantonnement, sectionnements et signalisation.
Réseau de Jacky
Il dispose d'un local rectangulaire de 7,61 m sur 4,44 m accessible en haut d'un escalier par une porte en coin de pièce ouvrant sur un couloir de 0,74 m de large. Ce couloir donne accès à une seconde porte à l'autre coin de la pièce qui ouvre sur un autre local permettant la création d'une coulisse qui abritera un grand garage à rames.
La surface disponible pour la réalisation du réseau de type tour de pièce en forme de O allongé s'établit donc à 6,87 m sur 4,44 m. Il sera ajouté une branche centrale au centre de la pièce de 4 x 1,20 m pour créer un dépôt vapeur avec un espace de remisage de locos diesel, électriques et autorails. Un couloir d'une soixantaine de cm est prévu pour circuler à l'intérieur du réseau, avec un accès par une trappe rabattable d'une largeur identique. Voilà les données de base pour l'implantation
L'infrastructure a été conçue par un ex menuisier ami de Jacky sur base de bâtis en bois et cornières métalliques de qualité industrielle. Ce qui donne sous le futur réseau tout un ensemble de placards fermés par des portes très utiles pour le rangement du matériel ferroviaire.
La surface du réseau sera constituée de portes isoplanes. Comme leur nom l'indique, elles permettent d’avoir une surface très plane et sont très rigides, tout en étant légères. Il est possible de visser ou de coller tout ce que l’on veut dessus. On peut trouver des inconvénients à cette solution, mais l'ami Jacky assure que les avantages sont bien plus nombreux.
Pour réaliser un relief négatif de type plan d'eau, il suffit de découper une partie d’une porte pour descendre le niveau.
Pour permettre l'accès intérieur au réseau, il est prévu d'installer une trappe rabattable qui sera articulée sur une charnière piano. Le schéma en coupe donné ci dessus permet d'établir une jonction rapide avec les différentes voies tout en maintenant leur connexion électrique. Toutefois, Il faudra prévoir un contacteur pour couper le courant en amont et aval de la trappe lorsqu'elle sera rabattue, afin d'éviter toute chute du matériel roulant.
Le postulat de base est le suivant:
deux lignes concentriques à double voie, sur deux niveaux, qui font le tour de la pièce, et qui communiquent entre elles par des bretelles avec raccordement sur une coulisse aménagée pour stocker des rames, via deux gares de passage.
Sur ce schéma, nous voyons la disposition des voies en coulisse situées dans l'autre pièce avec le grill d'aiguillages distribuant sur une plateforme de 2,50 x 0,70 m de longueur pouvant accueillir 12 voies chacune. L'ami Jacky a conçu un système astucieux basé sur un chariot élévateur actionné par un vérin comportant 5 niveaux de plateformes dont la mise au point est en cours. Au total, la coulisse pourra accueillir une soixantaine de rames pré constituées.
Concernant le réseau, seule, la ligne supérieure sera équipée de caténaires, ce qui permettra de faire cohabiter deux époques différentes (vapeur, diesel, électrique) tout en permettant un léger mixage. L'implantation des gares et du dépôt est prévue sur le niveau inférieur. Les voies à quai doivent pouvoir accueillir des rames de six voitures soit une longueur d'environ 2 mètres
Dans ce type de projet, l'objectif principal était de faire circuler des rames en limitant au maximum la gestion, ce qui est la méthode la plus simple puisque 4 circuits indépendants sont tracés sur la périphérie de la pièce, avec pour corollaire la possibilité de faire évoluer au minimum 4 convois sans surveillance particulière.
Toutefois, les cisaillements en zone de gare, les bretelles de raccordement, la présence de cantons imposeront une gestion informatique dont la prise en charge sera assurée via le logiciel Train Controller
L'accès à ces circuits via le garage à rames se fait sur deux voies qui peuvent être empruntées dans les deux sens de marche. En effet, le tracé d'une boucle de retournement n'est pas retenue en coulisse, et l'on se retrouve donc dans une configuration de type terminus, qui impose un départ et une arrivée des convois via une bretelle à deux voies qui doit se raccorder aux 4 circuits avec pour corollaire des manoeuvres pour faire circuler les trains dans le sens conventionnel. Donc une gestion informatique s'imposait
L'échelle retenue est le HO avec des rails Jouef et Peco (appareils et voies au code 100). Le rayon minimum est de 90 cm, le circuit supérieur se situe à + 9 cm avec des rampes en zone montagneuse qui pourraient atteindre + 14 cm. Une ligne à crémaillère est prévue qui dessert un restaurant d'altitude situé au point culminant + 30 cm. Hormis cette ligne, les rampes ne doivent pas dépasser 2% afin de permettre au matériel le moins performant de franchir sans difficulté les bretelles reliant les différents circuits.
Une fois ces données établies, voyons quelles sont les possibilités offertes par ce type de réseau
Sur cette photo, nous voyons l'embranchement côté sud est de la gare principale située au niveau + 0 avec son raccordement sur les deux voies dirigeant sur la coulisse située dans l'autre pièce. L'alimentation des rames sur le circuit inférieur est donc assurée par la bretelle qui passe sous le pont et les manoeuvres peuvent s'exécuter sur les différentes voies de dépassement de cette gare dimensionnées pour accueillir des rames de 2 mètres. Le circuit supérieur se situe au niveau + 9 cm et est également raccordé via une bretelle qui communique en zone sud ouest
Nous sommes en sortie de la gare principale où nous trouvons les raccordements avec la coulisse pour alimenter en rames le circuit supérieur. Les deux rampes s'établissent sur la plus grande longueur de la pièce, ce qui limite leur pourcentage à 2% maxi. Nous voyons qu'une troisième voie longe les deux voies principales du circuit inférieur et sert de manoeuvres pour diriger les trains dans le sens conventionnel. Enfin, nous trouvons l'embranchement sur la zone centrale du réseau pour l'accès au dépôt, avec une communication dans les deux sens via des TJD.
Le tracé de la route qui dessert la gare principale passe par deux rond points qui doit permettre d'établir une animation routière avec le system car Faller ou équivalent sur un parcours de type os de chien.
La zone Nord Est plus accidentée sera de type montagneuse avec la traversée d'un plan d'eau (torrent, rivière, lac) via un grand viaduc sur la ligne supérieure et un pont à arches sur la ligne inférieure. Un relief négatif devra être créé à cet endroit.
Sur cette zone montagneuse, il est possible de créer un environnement rural adapté avec implantation de quelques chalets, la route circulant entre les deux circuits.
La zone nord ouest accueille une seconde gare de passage (niveau +0) plus modeste ou se raccorde une ligne à voie unique à crémaillère qui dessert un terminus en zone montagneuse et un restaurant d'altitude au niveau + 30 cm.
La zone Nord Est
Sur cette zone montagneuse, il est possible de créer un environnement rural adapté avec implantation de quelques chalets, la route circulant entre les deux circuits.
Sur la branche centrale du réseau, nous trouvons un grand dépôt encadré par deux couloirs, ce qui permet un accès périphérique facile. La surface disponible permet de loger un grand nombre d'installations et le choix de l'époque vapeur/diesel/électrique est laissé à l'initiative du créateur.
C'est d'ailleurs ce qui explique le raccordement à l'espace chargé d'accueillir les locos en stationnement.
Enfin, l'embranchement au dépôt raccordé aux deux voies inférieures et à la troisième formant tiroir de manoeuvres entre les deux gares et les bretelles de raccordement à la coulisse.
En conclusion
Ce projet a suscité de nombreux questionnements avant de déboucher sur cette proposition, laquelle tient compte des souhaits exprimés par son auteur. Bien sûr, ce n'est qu'une base de travail qui devrait pouvoir guider l'ami Jacky dans la réalisation de son réseau et il a toute latitude pour adapter le tracé en fonction des éléments de décor qu'il désire faire figurer.
Car il est vrai qu'une carrière de modéliste se traduit souvent par une collection impressionnante de matériel acquis au fil des ans dont il n'est pas raisonnable de vouloir tout intégrer. Aussi, il est judicieux de faire un tri et écarter tout ce qui n'offre pas une fiabilité suffisante pour une exploitation correcte, notamment certains appareils de voie, mais aussi le matériel roulant dont la conception peut s'avérer aujourd'hui dépassée.
Bref, un réseau fonctionnel digne de ce nom ne souffre pas d'à peu près, et sa planification est l'une des étapes les plus importantes avant d'engager sa construction.
Nous aurons l'occasion de suivre son développement au travers de reportages photos que l'ami Jacky ne manquera pas de nous proposer. Nous l'en remercions par avance.