J'ai entrepris la restauration de deux locos vapeur issues de kits du fabricant DJH qui m'ont été confiées par l'ami Marc, un modéliste passionné de Dunkerque. Il s'agit d'une 140 A et d'une 231 C en version 3 rails toutes deux digitalisées sonores. L'objectif est de débloquer la transmission de chacune d'elle et de réparer les éléments cassés ou manquants. La photo ci dessus présente la 231 C 78 Nord en phase de tests sur un tronçon de voie Marklin à plot central. Pour faciliter les travaux, Marc m'a confié une centrale digitale de la marque dont le fonctionnement est spécifique au matériel à restaurer.
La seconde machine est une 140 A DJH dont l'embiellage bloqué est à revoir.
Sur la 231 C, la motorisation se situe sur la loco, basée sur un moteur de qualité et une transmission logée dans un carter dont la pignonnerie est totalement bloquée par une graisse qui a dû sécher. Cet élément démonté nécessite un sérieux nettoyage effectué avec du diluant. Lors du remontage après un nouveau graissage, j'ai vérifié que la transmission vis sans fin/pignon n'avait pas de point dur avant de la refixer sur le moteur.
La transmission carter/moteur se fait par le biais d'un manchon souple en plastique qui raccorde le carter au moteur, solution parfois adoptée par les concepteurs. Une mise sous tension permet de vérifier que l'embiellage fonctionne correctement et n'est pas à l'origine du blocage.
Une fois sur les rails, je constate que cette loco peine à tirer son tender, ce qui laisse augurer une incapacité à tracter le moindre convoi. Les 3 essieux moteur patinent, malgré le poids conséquent de la loco dont la structure est métallique. Je vais donc tenter de l'équiper d'un essieu avec des roues bandagées, ce qui nécessite de les démonter en sortant l'embiellage.
L'opération est risquée, je n'ai pas droit à l'erreur!! Il faut d'abord faire sauter la rondelle pleine qui masque l'écrou, le dévisser en s'aidant d'un embout de tournevis mis au gabarit correspondant à l'écrou fendu, puis sortir chaque roue qui sera ensuite usinée.
Les bandages d'adhérence sont des modèles Roco acceptant le diamètre correspondant. Après vérification de l'épaisseur et de la largeur du bandage, chaque roue sera bloquée sur l'essieu pour être usinée.
Avant de fraiser une gorge, il faut vérifier que la roue tourne parfaitement sans voilage. Bien sûr, il faut vérifier les cotes en permanence, la fraiseuse Proxxon permet de faire cette opération délicate avec précision.
Ouf, je m'en suis sorti sans dégât. Les roues sont remontées sur leur essieu équipé de paliers en laiton qui se positionnent sur le châssis. Un test de roulement permet de vérifier qu'elles tournent sans voilage. A noter que la conception des essieux et le système de calage automatique à 90° des manetons de bielles facilitent le montage.
J'en ai profité pour revoir le système de fixation du carter et du raccordement mécanique et électrique entre la loco et le tender, ce dernier abritant le décodeur sonore.
Sur la 140 A, le problème sérieux se situe au niveau de l'embiellage qui bloque la rotation des roues. La motorisation se situe au niveau du tender via un moteur entraînant deux essieux extrêmes équipés de bandages d'adhérence, selon une disposition de faux bogies parfois adoptée par Roco. Un rapide contrôle permet de vérifier que tout est OK. Niveau structure, il manque certains éléments (tampon) et les flancs de bogie du tender en résine sont à consolider (l'un d'entre eux étant cassé en deux)
Les deux essieux médians du tender sont équipés pour capter le courant, le câblage sera à revoir car il ne communique pas avec la loco.
le flanc de bogie en résine cassé a été recollé et consolidé en glissant dans une rainure confectionnée au dos une tige de laiton de 6 dixième de mm. Cette opération a été faite également sur un autre flanc déficient
Pas beaucoup de solution pour restaurer cette pièce trop fragile. Une opération de patine sera exécutée pour masquer les défauts de relief visibles. Sans doute un moulage résine à partir d'un élément en meilleur état aurait permis de reconstituer correctement le flanc de bogie, mais je ne sais pas faire!!!!
Autre problème propre à ce modèle, l'inscription en courbe est impossible sur le rayon de 35 cm (base du système Marklin) De plus, les marchepieds situés au niveau du bissel AV bloquent ce dernier dans les courbes. La 140 A n'accepte que les courbes de 60 cm de rayon minimum, alors que la 231 C passe sur tous les rayons de la marque.
j'ai pu réinstaller un jeu de tampons de type Nord que j'avais dans mes tiroirs.
Là, cela se complique pour trouver l'origine du blocage de l'embiellage. La bielle accroche sur le moyeu central du dernier essieu et frotte sur le réservoir. Il faut dessouder le maneton et intercaler une micro rondelle avant de replacer la bielle. Le réservoir a été fraisé de l'intérieur.
Un autre problème de taille se situe au niveau du tiroir où le support de piston sort de ses glissières. Bref, le montage d'origine n'était pas au top!!! Après une bonne prise de tête et des heures de recherche, la loco roule enfin sans point dur sur ses rails!!!!
Terminé pour la partie mécanique, il est temps de faire quelques améliorations dont notamment la dépose de véritable charbon concassé dans les soutes tender. (fixation à la colle blanche à bois rapide Sader)
et pour finir, une légère patine qui apporte à cette fabrication un aspect un peu moins Jouet. Les travaux sont exécutés à l'aérographe en prenant soin de faire tourner les roues durant l'application. Un nettoyage des bandes de roulement est effectué immédiatement avec des cotons tiges imbibés de diluant de la marque Décapod
Idem pour la 140 A, les locos vont pouvoir reprendre du service sur le réseau de Marc. C'est vrai que les kits laiton de nombreux artisans ont permis de proposer aux passionnés des modèles originaux, souvent bien conçus, mais qui sont aujourd'hui dépassés par les productions actuelles dont le fonctionnement est irréprochable. Avec un peu de soin et beaucoup de patience, il peut être intéressant de les restaurer sauf à s'accommoder de modèles destinés à exposer en vitrine.